Dancer in the dark || Lou Ann.

En sortant de la caravane qui faisait office de bar, Oliver rata l’unique marche et s’étala de tout son long sur le parterre terreux. Quelques secondes après sa chute, il émit un son étouffé par la poussière et la terre qui s’étaient légèrement infiltrées dans sa bouche. Un hippie de grande taille et d’une pilosité abondante vint refermer la porte du bar restée ouverte. A l’intérieur, les occupants continuaient de boire et de rire sans se soucier du jeune homme encore allongé devant la roulotte.

Si l’on remonte quelques heures plus tôt, on comprend mieux pourquoi Oliver était dans cet état. Le jeune homme s’était laissé prendre à quelques plaisirs non anodins sans se douter du temps qui passe et des effets secondaires envisageables. Il avait rejoint un petit groupe d’ami en début de soirée et n’avait cessé de boire dès l’instant où il était arrivé. Il s’était senti si bien, installé sur un fauteuil de cuir déchiré et placé dans un coin, que l’insouciant n’avait pas voulu suivre ses amis lorsqu’ils avaient décidés de partir.
Ce n’est qu’après quelques heures accompagnées de quelques verres plus ou moins dosés qu’Oliver s’était décidé de rentrer. Aussi avait-il loupé son envole et atterrit tête la première sur le sol.

Il finit par se relever quelques instants plus tard, après un premier essai où sa tête virevoltante l’avait directement renvoyée au tapis, puis une seconde fois plus lente mais efficace. Et c’est la vue troublée et un sourire arriéré collé au visage, qu’Oliver eu l’espoir d’entreprendre un retour chez lui convenable. Le ciel d’OpalSpring était parsemé d’étoile et hormis quelques insectes et animaux de nuit, aucun bruit ne se faisait entendre. La fraîcheur de l’air enveloppait la peau halée du jeune homme qui était trop occupé et saoul pour se rendre compte qu’il avait oublié son gilet dans le bar.
Bien que le chemin du retour ne soit pas très long, Émile dû faire quelques arrêts pour tenter de s’orienter. L’obscurité dans laquelle était plongée la totalité du camp n’arrangeait rien à son état. La moindre caravane semblait être la sienne, le moindre arbre semblait prêt à s’écraser, le moindre passant semblait être doté d’une physionomie alienesque ! Oliver avait l’impression d’être sur le Titanic près à couler, tout tanguait, tout tournoyait, tout voltigeait, le sol était ciel et le ciel était terre. A tel moins que, pris d’ivresse et de panique, l’acteur s’élança vers la porte d’une caravane qui n’était pas la sienne. Peu importe, pensant être arrivé à destination, il se jeta sur la poignée qui s’ouvrit d’elle-même et il s’écroula sur le seuil, oubliant une fois de plus l’espace entre le sol et la caravane. Et lorsque, toujours couché, il releva la tête, il constat à travers son ivresse que cette roulotte n’était pas la sienne.