Ruby
Messages : 14 Né le : 20/11/1987 Inscrit le : 16/05/2009 Mood : okay Nationality : americaine
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| Sujet: La nuit ; la nuit noire, assoupie et profonde. __Louis Mar 26 Mai - 21:49 | |
| | Louis la nuit ; la nuit noire, assoupie et profonde. |
Et Ruby ouvrit la porte de sa caravane ressentant l’insupportable besoin de s’échapper de cet endroit étriqué. Le froid vint réveiller tout son être, son sang restait réchauffé par l'alcool, le camp était silencieux mais elle entendait encore la musique assourdissante, qu’elle écoutait précédemment, bourdonner dans ses tympans et dans ce monde à part, calme et bruyant, froid et brûlant, elle se sentit vivante.. Levant les yeux vers le ciel, elle découvrit un noir sans faiblesse. Les étoiles, qui d’en haut voient valser le monde, s’étaient enfuies. Elle avait espéré qu’elles feraient pleuvoir sur elle, de leurs paupières blondes, leurs pleurs de diamants et alors elle aurait pu découvrir la quiétude qui l’entourait. Mais elles avaient préféré s'évanouir, ignorer la Terre cette nuit. Il était tard. Très tard. Trop tard. Ruby ferma les yeux un instant sentant le vent frais caresser tout son corps. Ses cheveux volaient, dansaient. Sa courte robe s’élevait comme si elle voulait s’échapper. Elle décida de profiter d’une telle nuit, elle dormirait plus tard. Lorsque son cœur se tairait à jamais. Elle avançait dans cette obscurité d’un pas incertain, tentant de se remémorer le chemin du lagon. Elle aimait cet endroit. Elle aimait voir l’eau se rider sous le souffle d’Eole et les hautes herbes valser et s’enlacer. Et le tranquille et somptueux silence, dont elle goûte alors si fort l'immuable présence, que son vœu serait d'en vivre ou d'en mourir. Et d'en revivre. Elle était pourtant de nature loquace, parlant uniquement pour être écoutée, mais parfois, quand personne ne pouvait l’imaginer, elle savourait cette paix qu’aucun Homme ne pouvait lui donner. Ses pieds nus foulaient maintenant l’herbe humide. Elle n’était plus très loin. La Lune qui, plus tôt, était étouffée par un sombre nuage se dévoilait maintenant dans toute sa splendeur. Elle était fière et ronde, Ruby sourit à sa vue. Elle offrait un peu de clarté dans cette sombre nuit. Elle était d’une humeur espiègle comme toujours mais elle n’était pas capable de berner la nature. Elle n’avait d’emprise que sur les êtres humains. Ce savoir-faire était déjà bien suffisant. Il était précieux et plaisant. Elle aimait voir la stupéfaction et la perplexité de ses semblables face à certains de ses propos. Ils ne lisaient pas en elle, ils étaient ignorants. Incapables de déterminer si ses dires étaient vrais ou de simples plaisanteries. Incapables de deviner quelle nouvelle étrangeté suivrait la précédente. Elle était une énigme. Non, un mystère. Elle était incontrôlable mais contrôlait tout. Voilà le plus irritant. Celui qui arriverait à lui arracher les nombreuses ficelles qu'elle tenait fermement connaîtrait tout son être et ferait d'elle un magnifique pantin. Le lagon était maintenant visible. La Lune avait son double qui s’y baignait. Ruby vit une ombre humaine assise près de l’eau. Elle avançait d’un pas relativement lent, comme pour exciter sa curiosité. Son imagination alcoolisée se dévoilait par mille histoires concernant l’inconnu, parfois indécentes, parfois tragiques, les images défilaient et ne rendrait la réalité que plus fade. Surtout qu’en toute logique, il était certain qu’elle connaissait cette personne. Elle appartenait fatalement au camp. Mais Ruby n’aimait pas la logique, elle était même l’incohérence personnifiée, une incohérence loin de toute absurdité et loin de toute compréhension. La proximité révéla la vérité et finalement la déception ne fut pas aussi grande qu’elle aurait dû l’être. Louis. Un faible sourire aussi malicieux que sincère vint se dessiner sur le doux visage de la jeune femme. Elle s’assit à ses côtés sans un mot, ses yeux ne quittaient pas le lagon, comme si elle espérait ou avait peur que cette tranquillité s’évanouisse si elle ne la surveillait pas. Ses frêles jambes nues frissonnèrent légèrement au contact de l’herbe. Le vent était toujours présent. Parfois ardent et rugueux, terrible et fou, parfois fatigué et timide. Il inclinait, avec ses bras vermeils, les fleurs proches de Ruby. Elle aurait aimé être le vent. Avec ses lèvres d’or frôlant le sol, il a baisé la joie et la douleur humaines partout ; les vieux espoirs, les tristes déceptions, les désirs fous.. Immensément il a étreint le monde. Oui, elle aurait voulu être le vent. Ses pensées s’échappèrent en même temps que la dernière bourrasque comme si le vent lui-même avait lu son dessein et voulait montrer sa suprématie. Qu'il en soit ainsi, elle ne serait pas le vent. Après quelques minutes, elle osa enfin regarder le jeune homme de ses yeux insolents faits de minéraux charmants. Aucun mot ne fut prononcé, son regard disait à lui seul un chaleureux bonsoir. | |
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