I'm like a bird (Joe)

Charles Baudelaire a écrit qu'un «homme qui ne boit que de l'eau a un secret à cacher à ses semblables ». C'est sur cette pensée un peu trop philosophique - qui ressemblait étrangement à sa situation actuelle- que Gabrielle avait plongé son corps tout en entier dans l'eau claire de la cascade où elle s'était rendue seule, faute d'avoir trouvé une compagnie plus agréable qu'elle-même. Étonnement, ce séjour dans le camp de hippies avait réussi à l'apaiser, ce qui n'est pas des moindres pour une femme aussi survoltée que la blondinette, et des moments de solitudes lui semblait de plus en plus nécessaires. Quelques heures loin de son mari, loin de l'agitation, loin de la production et de tous ces mensonges -qui, certes, l'enthousiasmaient plus que ne la dérangeaient - mais quelques heures de silence s'imposaient. La sensation de fraîcheur qui envahissait son corps était agréable, la légèreté de l'eau et la fluidité de ses mouvements lorsqu'elle nageait, qui contrastait avec cette force lorsqu'elle sortait sa tête. Les nœuds qui emmêlait ses cheveux, la robe blanche qu'elle n'avait simplement pas eu envie de retirer qui collait à sa peau et laissait largement voir la forme de ses sous-vêtements. Peu lui importait, qui prenait-elle le risque de croiser? Une bande de hippies complètement à l'Ouest et qui ne chercheraient même pas à expliquer sa présence? Son mari, qui avait certainement mieux à faire que surveiller sa chère et tendre? Quoique. Peu importait; Il ne semblait rien y avoir de plus futile que le monde extérieur lorsque la tiédeur de la source réchauffait tous les pores de la peau claire de Gabrielle. Juste un simple moment de détente dont elle avait besoin, et qu'elle s'accordait sans culpabilité, sans réflexion ni comédie, pour une fois.

Sans vraiment songer aux directions qu'elle prenait, la blondinette nagea pendant plus d'une heure, le sans même se rendre compte que ses membres s'engourdissaient au fil du temps. Jusqu'à ce qu'une crampe au mollet lui fit la surprise de la forcer à se tordre de douleur, nageant péniblement jusqu'à la rive la plus proche, squattée par un groupe d'inconnus - inconnus pour Gabrielle, du moins. Son visage entier se crispait alors qu'elle massait avec difficulté, pour essayer de faire fuire cette fichue crampe qui la faisait souffrir. Personne ne vint à son aide, tous dans un monde à part, comme la plupart du temps. Avec réflexion, rien n'était étonnant: Gabrielle était le plus discrète possible -peu désireuse de se faire remarquer et de se faire passer pour une femme de «petite nature» - et elle massait son mollet comme par plaisir, comme si elle détendait simplement ses muscles après un léger effort. La comédienne n'était pas du genre à se plaindre pour une douleur, bien qu'elle soit aussi gênante que celle-ci.

Ses muscles se détendirent après quelques minutes, et son visage se décontracta, alors qu'elle soupirait de soulagement. Elle se laissa tomber contre le sol humide, peu consciente qu'elle pouvait attirer les regards. Le soleil était juste au dessus, il ne devait pas être plus de midi, et alors qu'un sourire apaisé se dessinait au coin de sa lèvre, quelques personnes sautèrent à l'eau sans crainte, l'éclaboussant joyeusement.

Puis Joe avait écrit: «La philosophie, c'est vraiment pourri, surtout quand on comprend rien à ce que l'on veut nous dire.» Ce fut de cette façon qu'il avait réussi à s'intégrer avec les hippies. Non pas qu'ils philosophaient mais bien souvent ils citaient certaines choses qu'eux seuls comprenaient. Peut-être que Joe avait un manque de culture, mais peut-être qu'aussi que la philosophie ne l'avait jamais réellement attiré, ce n'était pas aussi passionnant qu'une rédaction ou encore d'une explication de texte. où était le rapport? Aucune idée, mais c'était juste les sentiments qui traversaient la petite tête du jeune comédien présent aujourd'hui ici. L'esprit tranquille, il s'était joyeusement mis à marcher le long des sentiers, tentant d'oublier l'odeur de la soirée qui avait collé à sa chemise la nuit passée. Amenant sans cesse son épaule à son visage, il se reniflait pour tenter de s'habituer, de quoi avoir l'air con devant une petite troupe d'hippies qui lui firent de grands signes.
«Paix à vous mes frères, que vos esprits tournent aussi bien que le mien en ce moment!»
Alors qu'il pensait pouvoir passer son chemin, ils lui firent comprendre qu'ils allaient prendre un bain tous ensemble, ou plutôt allez piquer une tête dans la cascade. Malgré qu'il y a quelques secondes son envie était de les fuir, il ne cracha pas pour allez se jeter dans l'eau fraîche de la cascade afin de contraster avec ce soleil qui frappait assez violemment.

Durant qu'il marchait avec les autres, il était assez silencieux mais n'hésitais pas à lancer quelques commentaires sur la conversation en route, tentant tout de même d'être intégré et d'avoir un semblant d'intérêt pour ce qu'ils disaient. Son regard se figea par la suite sur la cascade lors que les autres s'étaient tous mis en rond pour mettre leurs vêtements par-terre et se retrouver… Nus. Oh que si, ils étaient nus, enfin il y avait deux exceptions mais autant dire que le spectacle déclencha un rire assez forcé chez le jeune homme. Se retournant afin de regarder d'où ils étaient arrivés, il les entendit hurler et entendre plusieurs "splash" retentirent pour qu'enfin leurs rires se fassent entendre. Se massant la nuque, il se mit à sourire bêtement jusqu'au moment où son regard tomba sur une paire de jambe, une robe transparente qui en plus de dévoiler certaines formes, dévoilait les sous-vêtements que portaient la personne en question. Ne s'étant pas attardé jusqu'à son visage, une motivation avait rapidement pris Joe. Faisant voler sa chemise, il se retrouva en short et se précipita vers la jeune femme qu'il ne tarda pas à pendre dans ses bras. Alors qu'il se rapprocha de l'eau, il se mit à parler, prenant un air amusé.

«Tu vas prendre froid si tu ne…» Ses paroles prirent fin lorsqu'il reconnut la jeune femme. Ses yeux s'étaient enfin déposés sur le visage de la blondinette, n'ayant aucune peine à mettre un nom dessus. Ses yeux se firent gros et ses sourcils se arquèrent alors qu'il prononça le prénom de la personne qu'il avait contre lui. «P*tain, Gabi!» Ses mains lâchèrent aussitôt la jeune femme qui retomba dans l'eau. Joe ne bougea pas, encore surpris de ce qu'il venait de voir. Gabi? Ici? Pourtant, il ne l'avait pas vu jusqu'à maintenant. Sa sœur jumelle peut-être? Enfin, dans ses souvenirs, elle n'en avait pas.

Il n'avait suffit que de quelques minutes pour permettre à Gabrielle de s'apaiser, à ses paupières de se fermer, et à tout son corps de s'endormir petit à petit. Le soleil caressait sa peau blanche et son esprit divaguait dans ses souvenirs qui remontaient à bien loin. Assez loin du moins, pour ne pas percevoir la voix masculine qui s'adressait à elle, pour n'en entendre qu'un vague écho qu'elle analysa comme celui d'un hippie auquel elle ne voulait absolument pas répondre, déjà bercée par les bras de Morphée. La seule chose qu'elle savait, et qui occupait tout son esprit, c'était la sensation de la chaleur qui frôlait sa peau et séchait lentement ses vêtement, comme par miracle. Et une sensation aussi agréable méritait amplement toute son attention.

Il ne se passa pourtant pas plus de deux minutes entre le moment où cet écho lointain s'était fait entendre, et le moment où la jeune femme se sentie soulevée brusquement, sans préavis, sans autorisation. D'abord certaine de s'envoler vers un agréable rêve -fausse hippie un jour, vraie hippie toujours?- Gabrielle comprit très rapidement que quelqu'un tentait de la tirer de son sommeil. Elle ouvrit les yeux mais n'eut pas l'occasion d'apercevoir celui qui avait fait l'erreur de l'approcher, sentant l'horrible froideur de l'eau contre laquelle son corps claqua brusquement. Avec réflexion, le contraste était intéressant, l'eau lui paraissait maintenant terriblement glaciale. Mais la comédienne n'avait pas le temps de la réflexion, trop occupée à quitter l'eau, poussée par une rage inconsidérée.

«Espèce de p*tain de sale enfoiré!» cracha-t-elle, les yeux baissés sur sa robe qui collait de nouveau sa peau. La sensation lui paraissait étrangement bien moins agréable, et la seule chose dont elle avait envie était de la retirer et de l'essorer comme un éponge. Elle leva les yeux vers le malheureux qui ne savait pas à qui il se mesurer et, sans réaliser qui il était, elle continua «Si j'étais toi je me mettrais à courir dès maintenant, j'suis un vrai Speedy Ganzales quand je m'y mets! » Elle marqua un temps de pause devant la réaction - ou plutôt, la «non réaction» - de son interlocuteur, et comprit. Elle le reconnut, et sa bouche s'entrouvrit instinctivement de surprise. A voir la manière dont il la fixait lui aussi, il devait être autant étonné qu'elle l'était à cet instant. Ils se regardèrent quelques secondes, elle l'analysa de la tête aux pieds et haussa les épaules; Il n'avait presque pas changé, si ce n'est que ses épaules paraissaient plus larges. Elle grimaça et posa sa main sur sa taille, fronçant les sourcils, comme si de rien n'était.

«Tu cours pas? Tu devrais. Un mec m'a dit un jour que les gens devraient avoir peur de moi parce que quand je m'énerve, ça peut faire mal. Et là, je suis vraiment, vraaaaaaiment, énervée. »

Et jusqu'à preuve du contraire, ce mec là, c'était bien lui.

Mais qu'est-ce qu'elle foutait là bordel?! La surprise qui s'était affiché sur le visage de Joe n'avait pas échappé aux yeux des autres. Ses yeux qui observèrent avec attention l'eau, tentèrent t'oublier le visage de la jeune femme alors que sa tête lui repassait le cri de surprise de la jeune femme. La bouche légèrement entrouverte, il n'avait pas réagi à la transparence de la robe de la blonde juste en-dessous de lui, tandis qu'elle lui adressa la parole sans même le regarder. Il lui avait fallu attendre que leurs regards se croisent pour que vraiment, sa surprise disparaisse, ne laissant néanmoins pas cette mine aussi joueuse que d'habitude. Se massant la nuque d'un geste rapide, il tenta de prendre la discussion à son niveau, mais ses idées se bousculaient dans sa tête, ne sachant pas quel mot placé devant l'autre. Restant alors silencieux, il observa la scène qui se déroulait devant ses yeux, jonglant entre les jambes de la blonde, puis l'eau qui coulait au sol une fois qu'elle se mit à essorer sa robe. Un sourire avait naquit sur ses petites lèvres, un sourire crispé mais qui se voyait déjà partir dans une direction plus assurée. Seulement voilà, il n'y avait pas de quoi crier victoire trop vite, surtout lorsque leurs regards se croisèrent. Le sourire de Joe avait beau être resté, ses yeux restèrent scotchées à ceux de la jeune femme qui resta bouche-bée, tout comme lui il y a quelques secondes auparavant.

Mais voilà, elle était aussi réactive que dans le passé et mit alors en marche sa boîte à musique. Etant donné qu'elle parlait et étant donné qu'elle avait décidé de rester face à lui, il laissa son regard passer plus en détails sur la silhouette de Gabi', n'oubliant pas d'admirer les petites formes qu'allait avait prise, lui offrant un corps plus désirable qu'il ne l'était avant. Certes, il était désirable, comme celui de beaucoup de femmes ici, n'allez pas croire qu'elle en était l'exception, se seraient insulter les gens. Bref une fois que la menace fut lancée, Joe baissa la tête quelques petites secondes, puis la releva. Les bras croisé au niveau de son torse, il haussa les sourcils d'indifférence tout en s'élançant sans la moindre hésitation, après tout, il n'avait pas réellement assuré depuis qu'il l'avait jetée à l'eau.

«Je ne cours jamais lorsqu'une femme se retrouve dénudée. Généralement, je lui tends mon T-shirt mais vu le regard qu'elle m'adresse, j'ai l'impression qu'elle désire me sauter dessus, mais pur me casser les dents.» S'approchant alors d'elle tout en étant prêt à sentir un coup passé, il fit attention de rester à une distance qui allait lui permettre d'éviter le K.O., on connait tous la violence des coups bas, et Joe en a assez eu pour ne pas s'y faire prendre une nouvelle fois. «Écoutes… Je pense qu'avant de vouloir me tuer, on pourrait essayer de parler?…» Il grimaça aussitôt et se caressa lentement la joue pour finalement lâcher dans un soupir. «Ou peut-être que je…» Qu'il? Il n'eut pas vraiment le choix et prit les épaules de Gabrielle afin de l'entraîner avec lui. Où? Dans l'eau, au moins il aurait un avantage car il fallait savoir que Joe n'était pas du genre à aimer sentir les petits cailloux sous ses pieds nus. C'est pourquoi il se laissa tomber en avant, enveloppant Gabrielle contre lui et se retrouvant sous l'eau. Il ne tarda d'ailleurs pas à revenir à la surface, mais le temps de passer ses mains devant ses yeux et de se retourner que la boule d'énergie était déjà prête à lui faire regretter un passé qu'il aurait pu éviter de lui faire subir.

» ELIANA — like a bird. ♥ FINISH.
» PHOEBE •• like a bird in a golden cage