help, i need somebody, help. (Raphaël ♥)

Vous connaissez cette sensation d'emprisonnement, qui vous fait vous sentir mal? L'impression que toute liberté, toute joie et toute vivacité vous a quitté, à jamais? Le sentiment que jamais vous ne reverrez le soleil ou n'entendrez le chant des oiseaux?
Si vous connaissez toutes ces émotions, alors vous savez tout de l'état de Lou Ann, qui aimerait parfois redevenir Salome. Ce jour-là était un de ces jours. Elle ne supportait plus la pression qui pesait sur ses frêles épaules, l'angoisse quotidienne de se tromper. Elle n'en pouvait plus de mentir à longueur de journée, et avait besoin de craquer. Pour cela, il n'y avait qu'un endroit : le bus magique. On l'appelait comme cela parce que c'était un endroit à part, où seuls les acteurs pouvaient entrer. Pour y accéder, il fallait passer à travers tout le camp, pénétrer un sentier de terre battue, et après quelques minutes de marche, on arrivait devant cette caravane, richement décorée d'une multitude de visages, de symboles et de couleurs. On entrait alors, et souvent, on trouvait d'autres acteurs, soit en pleines confidences derrière une caméra, soit tout simplement en train de parler entre eux de leur expérience. Il était bon parfois de venir ici, rien que pour sentir que l'on n'était pas seul dans cette fabuleuse certes -mais dangereuse aventure.
Lou Ann suivit cette voie jusqu'à la caravane, jusqu'à la porte, jusqu'à la machine à café. Il y avait une autre actrice, qui répondait aux questions que lui avait inventé le public. Parfois saugrenues, il faut l'avouer. Cela dit, notre blondinette n'avait nullement envie d'écouter les élugubrations des spectateurs, elle n'avait qu'une chose en tête : se livrer entièrement à cette tristesse qui s'attaquait à elle toute entière, son corps et son âme, ses yeux et ses pensées, et ses larmes et ses regrets.
Les gouttelettes perlaient au coin de ses yeux, mais elle n'allait pas se laisser aller et craquer. Elle se l'était interdit il y a de cela longtemps, trop longtemps. Depuis qu'elle avait quitté Cedric. Certes, cela ne faisait pas un lustre, mais tant de choses s'étaient passer entre temps qu'elle ne concevait plus ce passé que sous forme de réminiscence. Mais apparemment, son chagrin n'était pas passé inaperçu : on s'empressa de venir la consoler. Lou Ann n'avait pas le courage d'ouvrir ses yeux et de voir. Pour voir quoi? Celui qui la prenait en pitié? Très peu pour elle, merci bien. Pleurnicharde, peut-être, cependant elle gardait une certaine fierté.

» RAPHAEL • done, done, done.
» RAPHAEL • it's a wild world.