• Ismène et ses petites histoires ...

Voilà, tout allait se terminer. Le pire, c’est qu’elle n’y était pour rien dans toute cette histoire. Elle savait désormais pourquoi le dicton « On ne choisit pas sa famille » existait.
Charlie Taylor resta pétrifiée, incapable de réagir face à la menace qui se rapprochait d’elle. Sa résistance avait disparu au moment où son visage avait heurté brutalement le sol. Cela avait été perdu d’avance, elle s’en était persuadée. Elle était trop faible, trop jeune, trop timide, trop insignifiante, trop invisible … Si seulement elle pouvait l’être, invisible à ce moment. Grâce à cela, elle serait au Starbuck en ce moment et pas dans cette cave qui semblait faire partie d’un décor de film d’horreur.
Ses dernières pensées et regrets allaient à sa meilleure amie, à sa petite vie de lycéenne avant que tout ne bascule. Avant de mourir, elle aurait aussi aimé éclaircir sa situation avec Alex, mais non, ça n’arrivera donc jamais. Il y avait aussi ses parents et son frère, mais après tout, c’était de leurs fautes si elle se trouvait là. Mais elle les aimait quand même, même s'ils lui avaient menti et donc, conduite à sa perte.
Charlie ne put s’empêcher de se demander où les autres étaient. Est-ce qu’on était en train de la chercher ? Est-ce qu’ils allaient tous bien ? Est-ce qu’Alex avait donné des ordres en ce qui la concernait ? Ou alors était-elle toujours la fille invisible et insignifiante pour tout le monde ?
Dommage alors, elle ne verrait jamais la tête du bébé de Tessa qui allait naître dans six mois. Elle se faisait une telle joie de pouvoir le garder. Elle n’aurait pas non plus son diplôme comme toutes les personnes de son âge, ni de premier vrai petit copain, ni de premier baiser, ni de première fois…
Tel un prédateur sûr de lui, il la scrutait de ses yeux noirs, semblant s’amuser de la situation. Il jubilait, cela se voyait dans son regard. Pourquoi, pourquoi…

Une voiture noire, luxueuse, aux vitres teintées s’arrêta devant un bâtiment, quelque part, au coeur Londres. Ce bâtiment était officiellement une banque tout ce qu’il y a de plus normale : moderne, classe et sobre. Et l’homme qui sortit de la voiture était à cette image. La vingtaine, il portait un pantalon noir, la veste qui allait avec, une chemise blanche et aussi, des lunettes de soleil. Son visage ne laissait paraître aucune émotion. A sa suite, une femme aux longs cheveux châtains, au teint blême et au regard d’un bleu profond. Son visage était aussi impassible que celui de l’homme qui l’accompagnait. Elle portait un tailleur noir et des escarpins de la même couleur.
Ils entèrent dans le hall de la banque ensemble. Un hall plutôt calme ce soir. Les employés derrière leurs guichets leur adressèrent un signe de tête en guise de salutation, d’autres, en les croisant, dirent l’habituel : « Bonjour monsieur. ». L’homme y répondit d’un bref mouvement de tête et, traversant le hall spacieux, avec sa compagne monta des escaliers en verre qui menait à l’étage supérieur. L’étage en question était en forme de U et séparé en plusieurs pièces dont les clients ne pouvaient rien voir puisqu’il y avait encore des vitres teintées, empêchant tout curieux de distinguer quoi que ce soit dans ces mystérieuses pièces.
La femme laissa ses doigts fins de promener sûr la rambarde métallique. Arrivés en haut, toujours dans un silence total, ils allèrent vers une des pièces, en ouvrirent la porte. C’était une longue pièce. Sûr le mur du fond se trouvait une grande fenêtre donnant sûr le paysage qu’offrait le centre ville londonien. Une vitre aux apparences normales mais qui était blindée et si les gens dans cette pièce pouvaient voir à l’extérieur, le contraire était impossible puisque là encore, la vitre était teintée. Sûr le mur de droite, un écran plasma, gigantesque qui semblait être un bijou de technologie, deux tableaux, un de Picasso, l’autre de Menet. Le mur d’en face par contre était totalement nue, il y avait juste une machine a café, une fontaine à eau, une imprimante et deux ordinateurs derniers cri puis, un espace totalement vide. Il y avait juste un interrupteur. La pièce était de couleur froide : murs d’un blanc gris étrange, sol et plafond noirs.
Au milieu de cette pièce se trouvait quand même une table, longue, une dizaine de chaises en cuir noir l’entourait. La plupart des chaises étaient déjà prises et à leur entrée, les regards se posèrent vers la femme et l’homme.
- Bonjour à tous, déclara ce dernier.
Trois femmes et quatre hommes étaient déjà présents dans la salle. Ils répondirent aux salutations de l’homme de la même manière et attendirent qu’il se soit installé au bout de la table, tout comme sa compagne à qui une place avait été réservée à côté de la sienne. Une fois cela fait, bizarrement, c’était comme si l’ambiance pesante qui régnait dans cette pièce au début, s’était allégée en une seconde. L’homme posa son regard sombre masqué sûr toutes les personnes présentent et pris la parole.
- Où est Mike ?
- Bonne question, répondit une jeune femme, très belle, au teint basané, aux longs cheveux châtains foncés, elle avait un petit air hispanique. Nous avons essayé de le joindre. Il est possible qu’il soit encore en mission ou alors, avec sa famille. Il adore disparaître au mauvais moment…
- Pourquoi tu réponds à sa question, vu que tu n’as aucune idée du lieu où peut se trouver Mike ? coupa un jeune homme de vingt-cinq ans environs, ses cheveux étaient châtains clairs et courts, ses yeux un mélange entre le marron et le vert, sa mâchoire carrée lui donnait un air redoutable, il possédait un certain charme.
- Parce que je dis ce que j’en pense, c’est tout, répliqua sèchement la jolie brune en regardant son interlocuteur d’un œil mauvais.
- Tessa et Adam, c’est pas le moment de vous engueuler comme des ado, rappela l’homme d’un ton ferme en enlevant ses lunettes de soleil, laissant voir ses yeux chocolats.
Les dénommés Tessa et Adam se turent, non sans s’être lancés une nouvelle fois des regards assassins. Si une autre personne les avait interrompus, ils l’auraient rembarrée sans hésiter mais pas là, ils respectaient beaucoup trop leur patron.
- Bien, reprit l’homme en croisant ses bras sûr son torse musclé. Quelqu’un est volontaire pour faire le compte rendu pour Mike ?
Il y eut un léger silence, tous les regards se croisèrent, gênés. La plupart des personnes présentent détestaient taper un compte rendu pour un absent sûr un des ordinateurs. Voilà pourquoi les propositions ne se bousculaient pas après cette question.
- On pourrait pas utiliser un gadget plutôt ? proposa une grande blonde aux yeux bleus dont les lèvres roses étaient pincées à cause de la situation.
- Moi je veux bien.
Tous les regards se posèrent sûr la jeune femme aux yeux azur et au teint pâle qui était arrivé avec l’homme il y a quelques secondes. Ce dernier la regarda et lui sourit avec tendresse.
- Merci Sabina.
Sabina Pleasure hocha la tête avec le même air que lui avant de se lever doucement de sa chaise. Elle fit quelques pas en direction des deux ordinateurs portables disposés sûr le côté, en prit un, retourna à sa place et ouvrit l’appareil avant de l’allumer. De toute façon, Sabina n’avait rien d’autre à faire alors autant être utile pendant les prochaines heures. Quelques secondes plus tard, elle fit signe qu’elle était prête.
- Bon, quelles sont les nouvelles ? demanda l’homme aux sept autres personnes assises à cette table. Scarlett ?
La grande blonde aux yeux bleus de tout à l’heure sortit d’une sacoche deux dossiers et d’un habile revers de main, elle les poussa légèrement au centre de la table pour que ses compagnons de table puissent voir de quoi elle allait parler.
- Deux affaires cette semaine. Harry Oxford. Riche, odieux,…Bref, un vrai mégalo qui s’amusait à faire du trafique d’armes pendant ses loisirs et Amanda Nicholson, vieille peau complètement folle dingue qui voulait détruire toute technologie. Le premier s’est évaporé et la deuxième est morte. Chargés de ces deux affaires, Mike Taylor et Devon Smith.
A la suite de ces mots, il y eut quelque haussement d’épaules et rictus car si Mike aurait normalement dû parler de cette affaire aujourd’hui, c’était impossible, à croire comme le disait Tessa tout à l’heure, il adorait disparaître au mauvais moment. Donc, pour combler le vide causé par la l’absence de Mike Taylor, Devon Smith qui était l’un des homme présent dans la pièce prit tout de suite la parole.
- On m’aurait dit il y a deux mois qu’une grand-mère serait capable d’inventer et de faire des choses pareils, j’avoue, j’y aurai pas cru. Mais c’est un fait, de nos jours on ne peut plus se fier à grand monde…
Devon Smith était un homme d’une trentaine d’année, de taille moyenne, de faible corpulence. Dans ses yeux bleus brillaient une lueur malicieuse en permanence, ses traits étaient fins et anguleux.
- Comment est elle morte, Devon ? reprit l’homme après qu’il est fini son récit.
- Une explosion, Alex. Enfin, on peut dire qu’un hélicoptère lui a tombé dessus.
Tous hochèrent la tête, même Alex, sauf Sabina qui avait toujours les yeux rivés sûr l’écran de son ordinateur, ses doigts tapaient à une vitesse folle sûr le clavier. Elle se faisait discrète, silencieuse, au point qu’ils finissaient par oublier sa présence.
La discussion continua un moment au sujet des affaires passées. Une grande partie d’entre eux avouaient leurs craintes que Harry Oxford revienne se venger de Mike Taylor à un moment ou à un autre. Puis, Alex évoqua les nouvelles affaires et celles en cours, comme à chaque réunion dans cette pièce.
- Une organisation en Cornouailles commence à m’inquiéter sérieusement, avoua la dernière femme présente dans la pièce. Elle commence à prendre du pouvoir et ce n’est pas bon du tout.
- Des raisons de nous en mêler Eléonore ? demanda Tessa à sa collègue qui était à sa droite.
Eléonore McCalister était une jeune femme plantureuse, de petite taille certes mais avec de jolie forme là où il le fallait et qu’elle savait très bien mettre en valeur. Ses longues boucles noires qui tombaient souplement sûr ses épaules et sûr son décolleté, faisaient contraste avec son teint laiteux. Elle était un agent précieux pour le MI-6. Qui pouvait résister à ses grands yeux noirs et à son si joli sourire ? Eléonore sourit doucement, dévoilant sa dentition parfaite.
- Bonne question mais, en tant qu’agent secret, on m’a appris à suivre mon instinct.
- Donc ? reprit Alex.
Eléonore regarda Alex Rider de son regard perçant.
- J’accepte la mission, patron.