True love comes quietly ... [Louis]

Le vent léger et chaud venait doucement effleurer mes joues nues pendant que la portière de ma caravane amoureusement prénommée ‘Barbie-turique’ se refermait d’un petit claquement sourd. Mon sac en tissu indien –très écologique, je vous prie !-, jeté sur l’épaule gauche, semblait peser une tonne tellement il était imposant mais ne contenait qu’une vulgaire serviette de plage bleue, quelques habits de rechange et d’autres bibelots se noyant parmi ce flot de tissus. Ma robe blanche voletait au rythme de mes pas et je me dirigeais vers la caravane de Louis située un peu plus loin, qu’il partageait avec deux autres acteurs, Buzz et Honesty, le ‘couple’ de jeunes mariés. Le véhicule d’où s’échappait une douce musique hippie m’accueillit de ces couleurs acidulées et je fis cogner ma main contre le métal « Louis, c’est Néphy ! Bouge tes fesses, y’a des ombres un peu … flippantes dehors ». Bien entendu, ce bougre allait prendre une bonne vingtaine de minutes avant de faire son apparition.
Mais Thyme était comme ça et ce, depuis que je le connaissais, depuis que nous étions ensemble. Libre, instinctif, effronté, j’admirais le sentiment d’indépendance qui émanait de son être et me sentait irrémédiablement attirée vers lui. Par contre, il pouvait se farcir du hippie avant que je ne lui avoue. Enfin bon, m’asseyant sur la chaise en tôle improvisée, je jetais un œil vers la plage, le lieu de notre rendez-vous et admirais le soleil orangé qui se couchait au loin. Nous allions avoir du temps rien que pour nous deux, enfin. Pas de hippies excentriques et polygames, pas de caméramans vicieux ni d’ordres beuglés à l’oreillette, non juste lui et moi. Cela faisait quatre jours –horriblement longs- depuis le début de l’émission, que nous nous étions pas vus du moins, échangées ne serait-ce que de simples paroles et … il me manquait. Sa voix grave, son incroyable sourire, ses blagues ultra vaseuses et ses lèvres…ses lèvres, tout mon corps le réclamait.
Erf ! Je n’en reviens même pas d’avoir dit ça, lavez-moi la bouche avec de l'eau de Javel, d'accord, du jus de pissenlit. Ça ne me ressemble tellement pas, c'est presque trop ... prince-charming. Trêve de bavardages insensés, le voilà en train de sortir de sa caravane, son stupide sourire accroché au visage ! Comme s’il ne venait pas de me faire suffisamment poireauter toute seule.

« Pauvre type » murmurais-je, faussement contrariée pendant qu'il s'avançait vers moi. « Rooh, et puis viens là. »

Et d'un pas presque trop rapide, je le rejoignis, m'accrocha à son cou et ma bouche s'empara de la sienne en un baiser qui se voulait à la fois doux et passionné, fougueux et tendre. Longuement.

Plutôt deux fois qu’une que ce plateau ressemblait à un mauvais remake de film pour adolescents avec un type masqué armé d’une machette et un sérieux problème mental ou d’ego ; c’était surtout les bois autour qui était flippant ! Les feuilles des arbres étaient tellement abondantes qu’on ne pouvait distinguer le nombre de troncs tellement la lumière peinait à y pénétrer. Certains racontent que des loups, renards, cerfs et autres animaux sauvages y auraient été lâchés par la production dans le but de ‘pimenter’ un peu l’émission. Conneries ! Je leur en mettrais du piment aux fesses moi, pauvres animaux franchement… Enfin bref, se tenait contre moi un mec super sexy qui embrassait divinement, et tout ce à quoi je pensais, c’était à Bambi et à la stupide fourrure faîte avec ses pauvres amis. « Sauveur, ça reste à voir ! Bourreau peut-être ? Et quel genre de rêve as-tu pu donc faire encore ? » lui murmurai-je avec un large sourire. « Encore un où tu te fais poursuivre par des écureuils blancs et rouges complètement dérangé et en chaleur ? ». J’éclatais d’un petit rire après ma remarque complètement idiote ayant pour but de le taquiner mais qui au final, avait un fond de vérité. Louis faisait toujours des rêves aussi invraisemblables qu’hilarant ! Il n’y avait vraiment que lui et son imagination tordue capable de cauchemarder de cette façon. Nous nous embrassions encore puis après quelques instants, il brisa le silence ;

« Bougeons avant de se faire prendre comme deux poissons romantiques et que je manque d'oxygène... Aurais-tu pris des cours? On dirait presque que tu embrasses mieux..hum »
« Romantique ? Et depuis quand monsieur ? … Humm je me suis un peu entraînée avec le caméraman chauve, celui qui se décrotte le nez tout le temps, tu vois ? Non sérieux, c’est peut-être l’effet Appolinaire, qui sait ? »

Nouvel éclat de rire, un peu moqueur cette fois. La chaleur de son corps m’emplit instantanément, provoquant en moi un sentiment de bien-être et de sécurité que lui seul réussissait à me procurer. Les tracas quotidiens s’envolèrent, les bruissements inquiétants provenant de la foret se turent aussitôt, ne parvenait à nos oreilles que le remous des vagues pleines d’écume s’échouant sur le sable encore tiède au loin. Profitant de ce moment où nous n’étions plus nous-mêmes, les ‘nous’ qui se cachaient derrière le stéréotype ‘pauvres humains sans sentiments’, le moi qui refusait d’avouer que c’était lui que je voulais et lui seul ; j’appuyais ma tête contre son torse et hélais un instant son odeur tant familière, j’aurais pu la reconnaître entre mille et une. Puis ayant suffisamment tâté dans le kitsch et la vulnérabilité, je me détachais doucement de son étreinte et lui volant un dernier baiser, attrapais son bras et l’entraîna en direction de la plage.
J’avançais lentement, mes pieds nus foulant le sable blanc et je sortis alors, de mon fourre-tout la grande serviette de plage pour pouvoir m’y asseoir sans que de vilains grains vadrouillent et se faufilent à des endroits incongrus. Je n'attendais même pas qu'ils prennent place à mes côtés, je me contentais juste de regarder la vaste étendue bleue devant mes yeux.

« Alors comment se passe l'aventure de ton coté ? Déjà une hippie de charmée ?» lançais-je d'une voix anodine.