• Memories {Oliver*

Le soleil était bien présent, illuminant un ciel bleu dégagé. La chaleur était bien présente, fidèle au temps habituel d'Opal Springs, mais le fond de l'air restait tout de même doux. Tant qu'on pouvait encore respirer ...
Cloey, ou si vous préférez Ismène, sortit de sa bonne vieille BEAUTIFUL, sa caravane totalement à elle qui était dans la troisième rangée du camp. Quand la jeune femme y repensait, en venant en ce lieu, elle avait été persuadée qu'elle serait obligée de partager avec d'autres le lieu où elle dormirait. Quoi ? Autant aller dans la théorie hippie jusqu'au bout ! Dormir à la belle étoile, tout partager, ... Cela n'était pas dans les grandes habitudes d'Ismène, elle devait l'avouer. Enfin pas au point de partager TOUT avec TOUT le monde. On la disait généreuse quand elle voulait car comme tout le monde, la belle avait ces choses embêtantes qu'on nomme saute d'humeur.
La belle, ses tongs bijoux achetées sur un marché parisien aux pieds, contourna quelques autres caravanes, croisa quelques visages connus ou pas et adressa quelques signes à certains d'entre eux. Ismène les connaissaient plus ou moins, le fait est qu'elle avait encore du mal avec certaines choses à ce niveau. Se dire qu'elle devait "berner" des personnes qui ne lui avaient rien fait ne faisait pas parti de ses principes d'habitude. Enfin pas qu'elle soit une petite sainte, son caractère prouvait légèrement le contraire par moment. Mais étant une personne lunatique, cela dépendait des jours. Avançant d'un pas tranquille et shootant dans quelques cailloux, la jeune femme marchait un peu au hasard, pensive, et sans s'en rendre compte, elle s'éloigna du camp.
Ismène aimait se balader aux alentours du camp. Ces promenades lui permettaient de prendre du recul, d'avoir ses pensées bien claires par rapport à la production et l'émission, car avec tout ça, on risquait vite d'être dépassé par les évènements et ce qu'il s'y passait. Ismène recherchait parfois des moments de calme et de solitude. Le lagon était un bon endroit pour méditer. La brunette eut rapidement dans son champ de vision l'étendue idyllique du paysage qui s'offrait à elle. Le sable blanc et dans le fond, une belle eau turquoise, peu profonde certes mais qui contenait tout de même quelques poissons tropicaux. Ismène avait déjà eu le plaisir de sentir cette eau transparente filer entre ses pieds, et ces petites merveilles colorées qui vous chatouillaient à chaque passage. Le tout sous un soleil, c'était une délicieuse sensation qu'on ne pouvait pas connaître en habitant dans la ville d'Ismène. A son plus grande regret évidemment.
La belle tomba sur un lagon désert, à part deux ou trois autres hippies qui s'arrosaient dans l'eau à quelques mètres du bord. C'était étrange mais elle n'allait pas s'en plaindre. Ismène s'assit sur une bande de sable qui ressemblait à toutes les autres. Tandis que les grains de sable s'écoulaient entre ses doigts fins, elle regretta bien vite de ne pas avoir emmené son paquet de clopes. Oui, Ismène fumait, à la différence qu'elle fait partie de ces gens qui le faisaient pour se détendre à cause d'une trop grande nervosité. Pourquoi était-elle nerveuse ? C'était un secret. Sérieusement, personne ne savait et c'était mieux ainsi. Trop tard. Elle entendit le bruissement du sable, provoqué par des pas, s'approcher d'elle et, peut-être par cette chose qu'on appelait "intuition féminine", elle sut de qui il s'agissait, qui s'était arrêté juste derrière elle en gardant le silence. Ismène ferma les paupières et prit une discrète bouffée d'air pour se donner du courage.
▬ Assis-toi.
Sa douce voix, calme et dénuée de toute sécheresse, rompit le silence qui s'était installé. Seuls les quelques cris et rires des hippies entrain de s'amuser dans l'eau permettaient à Ismène d'être encore connectée à la réalité. A ce moment, elle regretta encore plus de ne pas avoir pris son paquet de cigarettes. Elle savait que le moment de parler était venu, ils ne pouvaient plus reculer maintenant. Ismène eut une pensée amère. Normalement, ce genre de paysage était synonyme de romantisme mais pour Ismène, à ce moment précis, ce n'était que de l'eau et du sable.

Oliver s’était couché la veille avec une vague impression déjà connue mais néanmoins imperceptible, comme à l’approche de changements plus ou moins décisifs dans une vie. C’est donc l’esprit confus et le cœur oppressé qu’il s’était endormi.
Le lendemain matin, alors que tout était d’apparence ordinaire, le poids qui pesait sur le jeune homme ne s’était pas dissipé pendant la nuit.
La lumière du jour transperçait avec douceur les rideaux rouges de la caravane et peignait légèrement le corps nu d’Oliver qui était étendue sur son matelas. Les oiseaux poussaient leurs chants habituels tandis que des bruits de pas roulaient sur les graviers. Le jeune homme se leva d’une traite et enfila un jean délavé par le sel de mer. Il avait besoin d'air et de promenade. En ouvrant la porte de sa caravane qui portait le nom d'Hurricane, il respira à plein poumon l'air matinal encore doux, comme pour se libérer de cette tension, en vain. Avant de refermer la porte derrière lui, l'acteur vérifia qu'il avait bien en poche un reste de tabac et de quoi rouler. Après quoi, il enfila les tongs qui traînaient devant la caravane et commença à marcher instinctivement. Car oui, c'était bien son instinct, son inconscient, une voix au fond de sa tête qui le guidait en cette matinée de printemps. Oliver généralement de nature si calme se voyait confronté à une angoisse, ou plutôt à un inconnu qu'il avait du mal à supporter. Mais à bien y réfléchir, cette agitation intérieure n'était pas si désagréable. Après tout, c'était bien lui, Oliver l'acteur, Emile l'être humain, qui se vantait de suivre le vieux dicton « Vivre au jour le jour ». Ce n'était donc pas des incertitudes qui allaient faire naître un sentiment d'anxiété en lui! Le jeune homme en était là dans ses réflexions, oubliant le chemin terreux qu'il empruntait et les gens qu'il rencontrait. Peut-être avait-il parut incorrect ou étrange aux yeux de ses passants, mais cette journée n'était pas comme les autres, il le savait. Après avoir traversé quelques arbres et buissons, Oliver déboucha sur un lagon, ou plutôt « le lagon d'Opal Spring ». C'était donc là où l'avait conduit son instinct, dans cet endroit qu'il aimait fréquenter seul ou entre amis pendant le coucher de soleil, lorsque que des lueurs chaudes tombent du soleil et embrassent l'eau émeraude du lagon. Il fit donc quelques pas sur le sable blanc et encore frais, jetant un coup d’œil aux alentours. Des hippies infantiles s’amusaient quelques mètres à droite, sinon personne à part… Son regard s’arrêtât sur une silhouette féminine assise au pied de l’étendue idyllique. En la voyant, le jeune homme fût saisit d’une grande impression de "déjà vu". Oui, cette personne il la connaissait bien, quelques années auparavant. Et il était maintenant confronté à ce qu’il redoutait faiblement depuis qu’il l’avait vu sur le camp : lui parler. Mais Oliver n’était pas venu là pour rien et il était bien décidé à savourer ces retrouvailles étonnantes. Aussi, il s’en approcha d’un pas léger, guettant une réaction quelconque lorsqu’une voix délicate et harmonieuse rompit l'attente.
- assis-toi, dit-elle.
Ces deux mots essoufflèrent la pression qui pesait sur l’âme du jeune homme et ce dernier vint rejoindre la jeune fille à ses côtés. Il allongeât ses jambes sur le sable sans même lui adresser un regard. Il voulait prolonger le mystère. Et, fixant l’horizon, il prononça d’une voix calme mais neutre:
- Ça devait bien arriver un jour où l'autre.
Sur ce, il tourna la tête en direction de la jeune femme et lui sourit.

« Oliver, c'est Chris, tu m'entends! J'ai un petit truc pour toi, à grand renfort de dollars, bien sûr. Attention, Ismène ne doit pas se douter que c'est un job de la prod, d'accord? Alors, pour 10 000 $, nous aimerions que tu deviennes son ennemi. Fais toi détester.
Si tu fais comme si tu n'avais rien entendu, bye bye salaire!
Bonne chance! »

(je me permets d'ajouter que la production ne sait pas qu'Oliver & Ismène se connaissent...)

Oliver tourna la tête et croisa les iris d’Ismène. Cet échange fût bref puisque la jeune femme détourna immédiatement son regard vers la clarté émanant de l’étendue d’eau. Et pourtant, malgré la rapidité de cet échange, Emile en fût tout retourné. Au moment où leurs pupilles s’étaient rencontrées, des souvenirs oubliés et refoulés avaient refait surface. Il se revoyait quelques années auparavant, main dans la main avec cette jeune fille. L’expression que les anciens amants arborés à l’époque était niaisement clair : le bonheur. Ce foutu bonheur qu’Oliver avait délibérément laissé échapper. Son cœur se pressa et il essuya une goutte de sueur qui perlait le long de sa tempe.
Était-ce la chaleur ou la présence de Cloey, membre de son passé, qui le mettait dans cet état ?
De peur de paraître gênant, il dévia son regard de ce visage pourtant si attachant et sorti son tabac pour commencer à le rouler. Oliver s’évertuait à se concentrer sur sa cigarette, mais l’envie de contempler ce portrait si familier le démangeait. Aussi, il tourna la tête une seconde fois en direction d’Ismène. Cette fois, il put la considérer sans être suffoqué par ses souvenirs. La jeune fille n’était plus. En effet, c’était une Cloey plus mûre qu’il avait en face de lui, et cela le faisait sourire. Il laissa son regard aller et venir sur les courbes du profil de la jeune femme. Il reconnut son nez fin et légèrement retroussé, parsemé de taches de rousseurs qu’il aimait tant. Son regard était toujours le même, vif et moqueur. Émile retrouvait bien son ancienne amie derrière ce nouveau visage affirmé par le temps. Les lèvres d’Ismène commencèrent à remuer :

- Hum ... Quoi de neuf depuis le temps ? Je suis vraiment pas douée pour commencer ce genre de discussion.

Émile ne put s’empêcher d’éclater de rire. Il était soulagé de voir que Cloey était toujours identique, même au premier abord. Il alluma sa roulée et la tendit à Ismène avant de commencer à en rouler une autre pour lui.

- Toujours égale à toi-même à ce que je vois. Qui l’ eu crut, se retrouver dans un endroit pareil, tous les deux reconvertis en hippie !

Oliver avait opté pour un ton léger pour ne pas laisser transparaître une gêne imminente.
Le soleil haut perché dans le ciel immaculé éblouissait. Le jeune homme ferma alors les yeux pour ne plus entendre que la respiration de sa voisine mêlée au ricanement d’hippies non loin de là et au piaillement des oiseaux.

- Quand j’y pense, c’est tellement étrange! Je n’aurais jamais imaginé. Mais ça me fait plaisir de te revoir, malgré tout.

Un silence se fit. Émile savait que la conversation ne pouvait continuer ainsi et qu’il fallait, bon gré mal gré, en venir aux faits.

- Cloey, depuis la seconde où j’ai su que tu étais à OpalSpring je n’ai cessé de penser à toi. J’appréhendais nos retrouvailles car je ne savais comment ça allait se passer. Je ne sais pas ce qui en est de ton côté mais sache que ça me fait quand même plaisir de te revoir ici.

Oliver avait ainsi commencé la conversation, en espérant avoir du répondant de la part d’Ismène. Mais le jeune homme savait que cela temporaire. Chris l’avait chargé d’une mission périlleuse avec à la clef une somme assez importante…

Il n'était pas le seul à se sentir bizarre, elle l'était tout autant. Se qu'après trois ans de silence, ils se retrouvaient tous les deux dans une émission de télé-réalité était ... original on va dire. Disons que ce n'était pas le premier lieu qui venait à l'esprit pour des retrouvailles, même si précisément, cela avait lieu devant un somptueux lagon. Hors-contexte, ça aurait été l'idéal mais quand on savait qu'il devait y avoir une caméra pas très loin, cela bloquait un peu les choses. La seule chose était qu'Ismène aurait du mal à ne pas dire ce qu'elle pensait, même avec des caméras pas loin. Si c'était pour faire d'une mascarade leur retrouvaille, cela n'était pas la peine. Et puis, avec un peu de chance, les caméras étaient braquées sur quelque chose d'autre en ce moment même.

La situation était quand même plus qu'étrange. Emile et elle, assit l'un à côté de l'autre devant un lagon bleu turquoise et des hippies qui se baignaient dedans. Cloey se risqua un regard en biais vers le jeune homme et voyant qu'il avait eu la même idée, elle s'empressa de baisser les yeux et de retourner à l'observation d'un point invisible devant elle. Le hasard faisait des choses surprenantes. Ismène le regarda légèrement quand il sortit son tabac. Cela lui fit penser qu'il y a quelques secondes, elle regrettait de ne pas avoir pensé à amener son paquet à elle, ça lui aurait permi de se calmer un peu. Pas que ... enfin si un peu ...

Sa remarque fit rire Oliver, même si elle n'avait pas spécialement tenu à être drôle, mais entendre ce rire la soulagea. La situation était tout de même pesante en plus du temps assez chaud, un peu de légèreté ne faisait pas de mal. Ca lui faisait bizarre, à Ismène d'entendre ce rire après trois ans. Beaucoup de choses avaient changé tout de même pendant ces années. Ils avaient tous les deux grandi, mûri et changé, ils faisaient plus adultes. Une boule se forma dans la gorge de la jeune femme en songeant à cela mais elle émit tout de même un petit rire à sa remarque.


▬ Eh oui ! C'est sûr, tu m'aurais dit ça il y a trois ans j'aurai éclaté de rire. Toi et moi en hippies "Peace & Love", du jamais vu ...


Vous leur auriez dit il y a trois ans qu'ils se feraient passer pour des hippies, ils vous auraient rigolé au nez sans hésiter. Ismène avait parfois beaucoup de mal à réprimer son caractère naturel qui était du genre impulsif. Quand le jeune homme lui tendit sa roulée, la brunette ne dut qu'hésiter une seconde avant de se saisir de l'objet, de le porter à ses lèvres et d'en tirer une bouffée. Bien sûr, cette petite légèreté qui s'était installée depuis quelques secondes prit fin pour laisser reprendre les choses inévitables.

Emile ... Enfin Oliver dit être heureux de la revoir. Et c'est tout naturellement que la question se posa soudainement : était-elle heureuse de le revoir ? La brunette ne mit pas longtemps à réfléchir, c'était juste histoire de ne pas dire quelque chose qu'elle regretterait plus tard. Cela faisait trois ans, elle n'était plus une gamein et pouvait maintenant prendre un peu de recul. Et puis, vu qu'elle se sentait bizarre à ce moment même, il n'était pas difficile de savoir sa réponse.


▬ Moi aussi ça me fait plaisir de te revoir, malgré tout.


Ismène insista bien sur le "malgré tout", des mots que lui aussi venait de prononcer. Après tout, elle trouvait que l'expression allait plutôt bien à son avis. C'était quand même Oliver qui lui avait brisé le coeur en partant ! Enfin bref, ce n'était pas le moment de retomber là-dedans. La demoiselle sourit à nouveau, un peu pour dire que tout allait bien. Un brusque silence fit son entrée. Un silence où on entendit malgré tout, les rires des hippies qui s'amusaient dans l'eau. Ils étaient loin de tout ça eux, ils ne faisaient que s'amuser, voir le bon côté des choses et profiter de la vie. Ils avaient l'air heureux, et ça ne devait pas leur traverser l'esprit qu'à quelques mètres, quelque chose d'important se jouait. Pendant un instant, Ismène posa un regard glacé sur les deux hippies entrain de se baigner. Elle aurait voulu qu'ils ne soient pas là, qu'il y ait juste Oliver et elle, histoire d'être tranquilles et en paix pour parler mais elle oublia bien vite cette idée. Là tout de suite, la belle ne sut quoi répondre et pendant quelques secondes, sa bouche n'arrêta pas de s'ouvrir pour ensuite se refermer avant qu'un son sorte de sa bouche.


▬ Je ... Te savoir ici m'a fait bizarre et le pire c'est que je n'arrivais pas à savoir ce que j'en pensais. J'avoue que je t'évitais le plus possible parce que je ne savais pas trop comment agir avec tout ça, c'est tellement inattendu comme truc. Je pense aussi que je suis heureuse de te revoir même si ...


Ismène fit un signe de la main, pour dire qu'il connaissait la suite. Pfff ! Difficile d'expliquer comment on voyait les choses quand on ne le savait pas nous même.

Oliver ne savait plus comment agir. Il entendait encore la voix de Chris résonner dans sa tête et l'informer de sa mission à 10 000$ seulement. Son mauvais côté lui disait de foncer pour l'argent, qu'il n'était pas venu ici pour trouver ou retrouver l'âme sœur et encore moins pour se lamenter sur son passé. Mais de l'autre versant, se retrouver avec Cloey lui faisait plaisir et lui refaire du mal lui semblait impossible. En entendant la jeune fille parler, il eut de la pitié pour elle et ce qu'il avait pu lui faire. Émile n'en était pas très fière mais il avait agit comme il l'avait pu, comme un jeune homme qui ne se soucie guère de ses actes. Mais les choses avaient bien changé et il prenait petit à petit conscience de ses erreurs. Alors pourquoi en commettre d'autres quand tout pouvait s'arranger ? Ce n'était pas vraiment la fin du monde et le jeune acteur élaborait déjà un plan dans sa tête tandis que la jeune fille continuer de parler.

Oliver contemplait le lagon avec envie. La chaleur devenait accablante, sans le moindre centimètre d'ombre pour les protéger. Les jambes d'Emile suintaient sous un jean de plus en plus collant. Fumer devenait insupportable sous un soleil de plomb pareil, aussi, il éteignit sa cigarette et fourra le mégot bien éteint dans l'une de ses poches.

- Oh Cloey je sais... Mais tout cela remonte à loin quand même. Je ne veux pas renier tout ce qui s'est passé hein ! J'ai pris conscience, en te revoyant ici, du mal que j'ai bien pu te faire mais nous avons tous les deux mûris et je n'ai pas envie d'assombrir nos retrouvailles.

Emile ne savait pas vraiment comment agir et quoi dire pour que la situation ne tourne pas à l'amertume. Il n'avait pas vraiment envie de se morfondre avec Ismène sur ce qu'il aurait dû faire ou pas. Le jeune homme ne voulait pas se faire pardonner d'une façon pompeuse et mélodramatique. Mais ce qu'il ressentait à cet instant précis pouvait basculer d'un moment à l'autre. Il n'était jamais à l'abri de ses impulsions et de ses sauts d'humeurs propre à son côté lunatique.

- Ne croit pas que je veuille fuir les choses ou quoi. On sait tous les deux ce qui s'est passé, et je ne crois pas que l'instant soit très bien choisi pour en parler. C'est ma façon de voir les choses et tu sais très bien que si toi tu as envie d'en parler je le ferai...

Oliver scrutait les moindres expressions de Cloey, s’attendant à ce qu’elle s’en aille avec irritation ou déception, connaissant le caractère imprévisible de la jeune femme.
Au loin, les hippies sortaient de l’eau en chantant et se trémoussant avec idiotie. Leur constante bonne humeur avait tendance à agacer le jeune acteur qui les trouvait bien trop souvent pathétique et excessif dans leur gaieté. En les voyant quitter le lagon, Émile en fût soulagé et en profita pour s'adresser à Ismène d’un sourire complice :

- A notre tour de se jeter à l’eau chère Cloey...ou plutôt devrais-je dire Ismène !

Cloey laissa le sable blanc du lagon filer entre ses doigts. Il lui fit penser au temps qu'il s'était écoulé depuis le temps où Emile et elle s'étaient connus. Elle avait l'impression que ça faisait vraiment très longtemps, elle n'y pensait plus et là, il réapparaissait comme par magie sur son chemin. Le hasard faisait des choses étranges parfois. Ismène doutait sérieusement que la production de Give Peace A Chance se soient doutés de quoi que ce soit à leur sujet. S'ils étaient au courant pour la relation qu'ils avaient eu en France, la jeune femme était persuadée qu'ils les auraient déjà chargés d'une mission en duo. Ils en auraient profité en gros mais rien, on n'avait donné à Ismène aucune mission et ce n'était d'ailleurs pas elle qui allait s'en plaindre. La demoiselle aimait faire ce qu'elle voulait mais ce qu'elle savait aussi c'était qu'il valait mieux profiter de cette pseudo liberté. Mais elle était bien sûr à des kilomètres de se douter de ce qu'il se passait juste à côté d'elle.

Le soleil tapait toujours autant et il 'était vrai que fumer n'était pas la meilleure chose à faire. Au moins cela avait eu l'effet voulu puisque maintenant, Ismène se sentait plus calme et détendue qu'avant, espérons que ça lui serve à quelque chose dans la suite de la discussion. D'un geste discret, la jeune brune se débarrassa elle aussi de sa cigarette et souleva sa longue chevelure brune qui lui trempait le cou. Emile ... Pfff ! S'habituer à l'appeler Oliver semblait être difficile. Oliver donc reprit la parole et dit être conscient du mal qu'il avait pu lui faire à son départ pour l'université. C'était une bonne chose qu'il en soit conscient, elle avait quand même ruiné le canapé du salon à cause de lui à l'époque !


▬ Je sais, je sais. Ne t'inquiètes pas, je ne suis pas restée bloquée dans le passé entrain de massacrer ta poupée vaudou en te maudissant dix fois par jours, elle rit devant les gros yeux du jeune homme. Naaan, j'étais pas aussi désespérée que ça ! C'était juste un exemple !


Elle recommença à rire doucement à cette idée. Il fallait vraiment être tordue pour agir comme ça et cela n'avait pas été son cas. Cloey Romanov était une personne fière qui refusait de s'abaisser à ça. Enfin maintenant mais est ce que ça aurait été le cas à l'époque ? Bonne question mais pas très importante pour le moment. Ismène savait qu'il essayait de trouver les mots pour paraître désolé mais sans en rajouter. Elle 'était tout de même d'accord avec lui, leur histoire remontait à quelques années et la brunette désirait allait de l'avant et ne pas s'arrêter à cela. Ismène pouvait se montrer rancunière mais la plupart du temps, elle voulait aller de l'avant. Elle fixa son regard sur l'étendue d'eau paradisiaque pendant un long moment tandis qu'Oliver parlait.


▬ Yep ! D'ailleurs croisons les doigts pour qu'aucune caméra ne traîne dans le coin ! Mais oui pas de problème, ça nous permettra de nous rappeler des bons souvenirs. Et puis, tant que tu te rends compte du mal que ça m'a fait à l'époque, c'est ok.


Ismène ne sut quoi dire d'autre à ce moment. Elle n'avait aucune envie de pleurer, s'énerver, crier et de se faire passer en pauvre petite victime qui disait : "Non mais tu te rends compte que tu m'as brisée le cœur ?". Et en sachant de plus que les caméras n'étaient jamais loin et qu'ils avaient des oreillettes directement reliées à la prod', la chose était encore plus dure. Mais pour l'instant elle ne prenait pas trop mal les choses, je ne pourrai pas vous expliquer pourquoi mais elle les prenait bien. Bon seul Dieu savait si cela serait toujours le cas demain matin à son réveil mais oublions. Le silence fut brisé par les hippies qui sortaient de l'eau en dansant, en riant et tout le tralala. Leur bonne humeur et leur optimise avaient eux aussi le don d'agacer Ismène qui adorerait les secouer de toute ses forces pour leur faire voir que tout n'était pas rose.


▬ Je crois que je vais avoir un peu de mal aussi à m'habituer à ton nouveau prénom !


Les habitudes étaient parfois difficiles à perdre. Le sourire aux lèvres, Ismène se leva, suivie de près par Oliver et avant qu'il n'ait pu dire quoi que ce soit, la jeune femme sentit un élan de gaminerie et de jeux revenir en elle. Elle toucha furtivement le bras d'Oliver.


▬ Chat ! C'est toi qui y est !


Puis elle partie à toute allure vers le lagon en riant et fut bien obligée de ralentir à son entrée dans l'eau. De grandes gerbes vinrent lui éclabousser son short en jean et sa chemise foncée nouée à la taille, mais la sensation de l'eau sur sa peau brûlante était vraiment apaisante. Vraiment.